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L'herpès cause-t-il vraiment la maladie de l’Alzheimer?



Par Ludovick Ouellet-Harvey


Depuis quelques années seulement, les chercheurs ont observé un lien entre l’herpès de type 1 et la maladie d’Alzheimer. Selon le site Web de la Société Alzheimer Canada, l’Alzheimer est « une maladie irréversible qui détruit les cellules du cerveau et cause des troubles de la pensée et de la mémoire. La maladie d’Alzheimer ne fait pas partie du processus normal de vieillissement » (Société Alzheimer Canada, 2018). Dans cet article, vous trouverez les résultats de recherches qui ont été très récemment publiés.


Résultats


Un lien a été démontré entre l’herpès de type 1 et la maladie d’Alzheimer. Selon les chercheurs, le virus se déplacerait dans le cerveau où il tomberait en dormance (il serait inactif). Avec l’avancée en âge, le virus se réactiverait et causerait des dommages au cerveau. L’accumulation de ces dommages mènerait à l’éventuel développement de l’Alzheimer.


Cette théorie a été développée puisque l’ADN de l’herpès de type 1 a été retrouvé spécifiquement dans les plaques causant l’Alzheimer chez certains patients ayant développé la maladie. Après des études plus approfondies, il a été déterminé que la présence de l’herpès de type 1 ET d’une mutation génétique (APOE4) qui augmente les probabilités de développer l’Alzheimer. Une personne infectée par l’herpès de type 1 a, au bout de 10 ans, un risque 2,5 fois plus élevé de développer une démence.


À la suite à ces observations, les chercheurs ont exploré l’effet des traitements antiviraux de l’herpès sur le développement de la maladie. Une étude démontre que les cas d’Alzheimer sont 2 fois plus nombreux chez les patients qui ne prennent pas d’antiviraux (Itzhaki, 2018). Au cours d’une autre étude, les chercheurs ont observé que, chez les patients infectés à l’herpès de type 1, 28 % des patients non traités avaient développé une maladie neurodégénérative à la fin de leur étude contre 5,8 % des patients qui prenaient des antiviraux (Richeux et Anderson, 2018). Une autre étude a exploré l’effet de protection du traitement. Les chercheurs ont observé que l’effet de protection des antiviraux est plus grand lorsque le traitement est pris plus longtemps. Ils comparent la prise de médicamentation pendant plus de 30 jours et de moins de 30 jours. Selon eux, dans les deux cas, l’effet est remarquable, mais ils ne comprennent pas encore le mécanisme d’actions des antiviraux. Pour espérer un effet du traitement antiviral de l’herpès sur le développement de l’Alzheimer, les auteurs suggèrent que le traitement soit pris avant 50 ans. Ils suggèrent aussi de cibler les personnes plus à risque, comme celles ayant la mutation génétique APOE4 (Itzhaki, 2018).


Éléments importants à prendre en considération


Je vous rassure, concernant les recherches sur l’impact de l’herpès de type 1 sur le développement de l’Alzheimer, bien que le lien soit de plus en plus pris au sérieux, les recherches n’en sont qu’à leurs débuts. Certains éléments doivent être pris en compte lors de la lecture de ces résultats.


L’élément le plus important est que le lien entre l’herpès de type 1 et l’Alzheimer est démontré et appuyé scientifiquement, mais le lien de cause à effet, lui, n’est pas encore démontré. Il est donc possible de voir une association entre les deux, mais il n’a pas encore été démontré que l’herpès de type 1 cause ou déclenche le développement de l’Alzheimer. De plus, il n’est pas démontré que le virus de l’herpès cause à lui seul l’Alzheimer. En effet, les résultats indiquent que l’herpès ET la mutation génétique (APOE4) augmentent les probabilités de développer la maladie.


Un autre élément qui n’est pas expliqué dans les études est la manière dont le virus voyage jusqu’au cerveau. De manière générale, le virus s’installe à un endroit où il reste. Les études n’expliquent pas comment se déroule la migration vers le cerveau.


Un autre élément très important à considérer lors de la lecture de ces études est le virus en soi. Le virus de l’herpès fait partie de la famille des virus herpétiques comportant 8 virus (dont la varicelle/zona, la mononucléose, la roséole, etc.). Certaines études font le lien entre les virus herpétiques et l’Alzheimer, mais ne précisent pas de quel type il s’agit. Une partie des recherches est faite sur le zona (virus de l’herpès de type 3) et non de l’herpès de type 1 (présent au niveau buccal et génital). Les recherches actuelles sont faites sur des cas graves et rares d’herpès de type 1 (au niveau de la bouche ou des parties génitales) et de zona. La recherche qui étudie spécifiquement le lien entre l’herpès de type 1 et l’Alzheimer est réalisée sur une population âgée de plus de 50 ans qui ont récemment reçu un diagnostic d’herpès.


Enfin, il n’y a aucun résultat démontrant l’effet des traitements antiviraux sur les personnes porteuses du virus depuis plusieurs années. Les études sont réalisées sur des personnes dans la cinquantaine nouvellement porteuse du virus.

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